Il y a presque un an, nous évoquions dans ce blog le souvenir de Jacques Taurand. Voici aujourd'hui un poème de son dernier recueil Une voix plus lointaine. Dans sa préface, Jean Chatard écrit : "Jacques Taurand apprivoise les mots de tous les jours pour élargir l'espace et dénouer la nuit qui attend chacun de nous à la croisée des matins pâles." Plus loin à propos de quelques vers qu'il a choisis du poète, il a ce commentaire: "Confidence bouleversante que ce "beau voyage" d'un homme prisonnier de la maladie, faisant le compte des êtres qui lui sont chers et leur offrant les pépites d'une œuvre pathétique." Voici pour continuer celle que nous avons retenue.
RIEN
Rien à l'horizon
qu'un vague parfum d'automne
ce fouillis de feuilles sèches
On passe étranger à soi-même
dans la nouvelle vêture
que démaillent les heures
Rien à l'horizon
les images d'un passé
que décompose le temps
Le chemin de l'habitude
où le cœur bat sa mesure
La corniche d'un nuage
où s'appuie le regard
Rien à l'horizon
Le vide est joyeux
où s'engouffre la vie
Cette journée de Terre
n'a nul besoin d'espoir
Ici est l'au-delà
tangible jouissance
Rien à l'horizon
qu'une silhouette démâtée
qui va l'amble
la lumière d'une autre saison
et le secret voyage des choses
Prendre place à bord de l'oubli
laissant se déliter
cet éboulis de mots
Tout est à l'horizon
enfin
l'espace où l'on se noie.
Jacques Taurand
Un blog ludique et diversifié qui a pour ambition de faire connaître l'écriture (poétique ou non), célèbre l'amitié et partage avec générosité son espace...
RépondreSupprimerMerci Jean-Luc de votre fidélité ; l'automne, saison préférée de Jacques T., a probablement été l'élément déclencheur de ce poème, une fenêtre ouverte sur un horizon qui s'éloignait...