Fernand Moutet n'a commencé à publier des recueils de poésie en provençal qu'à partir des années soixante. Il avait précédemment été publié en revue.
En 1962 paraissait Fenèstro aux Éditions du Baile Verd, dirigées à Grans par Max-Philippe Delavouët. Ce recueil lui avait valu en 1957, sans doute sur présentation du manuscrit, le Prix Frédéric Mistral qui est la distinction la plus prestigieuse concernant la poésie provençale. En 1964 a été publié par les éditions toulonnaise de l'Escolo de la Targo, Au rendès-vous di barquejaire (Au rendez-vous des mariniers) puis en 1969, toujours à Toulon mais à l'enseigne de L'Astrado dirigée à l'époque par Louis Bayle, L'autro ribo (L'autre rive). Fernand Moutet continuera son compagnonnage avec L'Astrado avec Lou Rampelin meraviha (Le vagabond émerveillé) et Lou Raubaire de chivau (Le voleur de chevaux) qui paraîtront respectivement en 1976 et 1979. Et puis viendra en 1986 Lou festo dins lou pargue (La fête dans le parc), livre sur lequel nous allons maintenant nous attarder.
Il est édité à Nice par les éditions Lou Sourgetin, ce qui montre, par rapport au premier recueil, un déplacement progressif vers les Alpes Maritimes où vit le poète depuis de nombreuses années. C'est là que se situe désormais son univers, même si celui-ci ne cesse d'être traversé par les réminiscences de l'enfance, en particulier au bord de l’Étang de Berre. D'ailleurs ses deux derniers recueils, Li Car-marino de moun Reiaume (Les méduses de mon royaume) que j'éditerai en 1991 aux Cahiers de Garlaban ainsi que Marieto di bord de l'estang (Mariette des bords de l'étang) que publiera L'Astrado en 1992, en seront la preuve manifeste.
Mais pour l'heure le voici dans son parc imaginaire ou rêvé qu'il peut arpenter depuis Vence non loin de ses nouveaux amis en poésie qui ne sont pas uniquement des Provençaux. C'est ainsi que le recueil s'ouvre avec cette dédicace à un célèbre poète belge et à son épouse : "A Norge et Denise Norge avec notre admiration et notre affection". Elle est signée Fernand et Rolande Moutet, comme si la femme tant aimée était aussi l'auteur de ce livre de poèmes. Ce dernier en tout cas, a voulu sur la page en regard, être présent à ses côtés sur une photographie, tandis qu'il tient un petit chien dans ses mains. Le poème figurant en quatrième de couverture nous livre le secret de ces complicités et nous donne le ton général de sa poésie :
Ah ! que d'ùni trobon risible
lou maine que m'èro douna.
Iéu sabiéu qu'aviéu reçaupu
la gràci de l'èstre vivènt,
que ma vido sarié de-longo
uno fèsto de la fervour.
Dins la mié-clarta de moun pargue,
es un mounde qu'ai poussedi.
Ah ! que d'aucuns trouvent dérisoire
le domaine qui m'était donné.
Moi je savais que j'avais reçu
la grâce d'y être vivant,
que ma vie serait éternellement
une fête de la ferveur.
Dans la demi-obscurité de mon parc,
c'est un monde que j'ai possédé.
Fernand Moutet
la gràci de l'èstre vivènt,
que ma vido sarié de-longo
uno fèsto de la fervour.
Dins la mié-clarta de moun pargue,
es un mounde qu'ai poussedi.
Ah ! que d'aucuns trouvent dérisoire
le domaine qui m'était donné.
Moi je savais que j'avais reçu
la grâce d'y être vivant,
que ma vie serait éternellement
une fête de la ferveur.
Dans la demi-obscurité de mon parc,
c'est un monde que j'ai possédé.
Fernand Moutet
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